DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Le Saint Christophe

Tous les métiers ont un saint qui veille sur eux. Les pompiers et les artilleurs sont protégés par sainte Barbe, les parachutistes ne sautent pas sans évoquer saint Michel, et les automobilistes compte sur la bienveillance de saint Christophe.
La liste des saints protecteurs est longue. On connaît les saints qui protègent les villes et villages contre les invasions ennemies, comme sainte Geneviève à Paris. Les corps de métiers adoptent également les saints pour veiller sur leur corporation. Dans le temps, le travail des artisans était souvent dangereux et les protections garantissant la sécurité des ouvriers était inexistante. Aussi, avant de partir travailler, ces derniers plaçaient leur vie sous la protection d'un saint qui devait veiller à ce qu'ils rentrent sain et sauf le soir dans leur foyer. Les charpentiers, qui risquaient gros sur les toits des maisons ou des grands édifices, priait saint Joseph. Ces saints, d'ailleurs, cumulaient parfois les protections et accordaient leur bienveillance à plusieurs corporations. Au début de l'automobile, beaucoup de gens pensaient que ce véhicule était un objet du diable et qu'il fallait être fou pour conduire ce genre d'engin. Au fil du temps, l'automobile s'est imposée mais les accidents de la route ont commencé eux aussi à apparaître. Que ce soit en circulation ou en courses, les premiers morts prouvèrent que l'automobile, bien que géniale invention, était également dangereuse, aussi bien pour les conducteur que pour les piétons. Il fallait donc un saint protecteur pour veiller des ses ailes protectrices sur l'automobiliste. Saint Christophe fut choisit.

Mais qui est St Christophe ?

Saint Christophe fut un martyr chrétien qui vécut pendant le règne de l'empereur Dèce, vers 250 après Jésus-Christ. Christophe, qui avait été baptisé par saint Babilas, évêque d'Antioche, passa sa vie à prêcher la parole divine dans un lointain pays appelé Styrie, aux confins de l'Asie Mineure. Arrêté dans la ville de Samos, Christophe vécut un martyr et fut décapité. Le nom Christophe implique la relation du saint homme avec le Christ. En effet, Christophe vient du grec Kristos (Christ) et de "phainein" (apparaître), soit "celui qui est apparu avec le Christ". Selon la légende, Christophe s'apprêtait à traverser un large fleuve, quand un enfant, craignant d'être emporté par les flots, le pria de lui faire traverser les eaux tumultueuses. En saint homme, Christophe mit l'enfant sur son épaule et s'engagea dans le lit du fleuve. Au fur et à mesure qu'il avançait, l'enfant devenait lourd "comme du plomb" et l'eau de plus en plus haute. Christophe aurait pu se débarrasser de l'enfant et assurer sa survie mais n'en fit rien. Finalement, il arriva sur l'autre rive, l'enfant sain et sauf sur les épaules. Cet enfant lui révéla alors qu'il était le Christ et pour le remercier, lui dit de planter son bâton de pèlerin dans le sable de la rive. Le lendemain, cette simple tige de bois était devenue un palmier couvert de dattes.
Le culte de saint Christophe a connu un essor incroyable. Il se répandit en occident, avant que les byzantins se l'approprient en représentant le saint homme avec une tête de chien. En raison de sa force légendaire, Christophe fut choisit par plusieurs corporations pour en être le patron.

A partir du 12e siècle, sa légende de passeur connaît un succès immense, principalement en France, en Italie et en Espagne. Puis, quelques siècles plus tard, il fait une percée en Angleterre et en Allemagne. Là aussi, on commence à le représenter sur des églises et à lui dédier de nombreux lieux de culte. Ses représentations atteignent parfois des dimensions colossales. On le peint sur les églises et les maisons. A Paris, il devient le patron des porte-faix, des forts des halles, des "déchargeurs" (anciens "dockers"). Les voyageurs s'en réclament, et, dans leur sillage, les pèlerins. Les pépiniéristes et les jardiniers ne tardent pas à s'ajouter à la liste, en souvenir du bâton et de ses fruits.

Mais alors, quel rapport avec l'automobile ?

A partir du 16e siècle, la dévotion pour ce sympathique saint va peu à peu baisser d'intensité, mais sa popularité reprend de la vigueur au début de 20e siècle, avec l'apparition de l'automobile. Comme les voyageurs circulent depuis des siècles sous sa protection, c'est tout naturellement que saint Christophe devient le saint patron des automobilistes. Au début du siècle, dans le département de l'Orne, l'abbé de Saint-Christophe-le-Jajolet, qui se passionne pour l'automobile et dont on dit qu'il se déplace en De Dion-Bouton, a un jour un terrible accident. En traversant un passage à niveau sans barrières, le 20 septembre 1920, l'abbé Thuault, directeur de la Confrérie de Saint Christophe-le-Jajolet est victime, avec son passager qui est également son secrétaire, d'un accident de la route. La voiture est happé et projetée à 15 mètres. Les deux passagers s'en tirent miraculeusement et l'abbé décide alors d'organiser chaque année une procession d'automobiles, à la gloire de saint Christophe, qui, selon lui, les a protégés.

Dès lors, le dernier dimanche de juillet, on voit affluer les automobilistes qui veulent participer à la cérémonie et à la bénédiction de leur équipage. A Saint Christophe-le-Jajolet, une archiconfrérie s'occupe d'organiser la chose ces pèlerinages. Devant l'affluence des pèlerins, une deuxième cession est maintenant organisée le premier dimanche d'octobre. Le curé de cette localité précise que, si le cortège se fait en automobile, ce sont les personnes, et non les voitures, qui reçoivent sa bénédiction ou, parfois, celle de l'évêque de Sée.

Dès les débuts de l'automobile, de nombreuses représentations de Saint Christophe furent érigées sur les routes. Elles incitent à la prudence, rappelant aux automobilistes les dangers de la circulation. L'automobiliste a également à sa disposition des plaques d'identités à l'effigie du saint. Il peut alors fixer cette plaque, parfois gravée à son nom, sur le tableau de bord de sa voiture. Cette tradition a peu à peu disparu. Il existe également des petites médailles, que l'on peut porter autour du cou. Plus discrètes, elles ont la même vocation que les plaques, protéger le conducteur et ses passagers. D'autres artifices furent créés également et sur les brocantes, moyennant finances car ses objets prennent de plus en plus de valeur, on peut trouver des bouchons de radiateur à l'effigie du saint, des statuettes et autres représentations. En 1926, on édifia également, dans le quartier de Javel, une église dédiée à saint Christophe. Une statue de 8,50 m se trouve sur la façade de cet édifice. Un autre pèlerinage à faire.