LA PREHISTOIRE DE L'AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 05/05/2010
L'art de la carrosserie
Cet "Art", fut
d'abord celui de la construction de carrosses (d'ou son nom), des voitures de
grand luxe tirées par des chevaux, dotées de quatre roues et suspendues. Le
terme "carrosse" vient de l'italien "Carrozza" et est apparu au milieu du 19e
siècle. Le mot désigne la caisse d'une voiture autant que sa fabrication.

Au cours des années 1780 à 1800, les premiers "vaporistes"
créèrent principalement des tracteurs à vapeur destinés à tirer des wagons
simples (pour les mines par exemple). Rappelons également que le Fardier de Cugnot,
construit avant la Révolution française, était destiné à tracter des canons. Toutes ces machines
évolueront au fil des années et l'utilisation qu'on en fera, principalement en Grande-Bretagne
au début, va des trains roulants,
machines capables de tirer plusieurs wagons chargés, de marchandises d'abord,
puis de passagers. Ces trains roulants laissèrent la place à des diligences. Le
train roulant lui, trouvera une autre utilité, sur rail bien sur. Les premières
machines, nous les devons à Richard Trevithick, William Murdoch, Robert Fourness,
Gurney et bien d'autres. Ils furent les premiers à ouvrir des lignes régulières
destinées au transport de personnes. Peu à peu, l'idée de la voiture
particulière. En France, les Bollée, Père et fils, transformeront une charrette
simple en véritable "automobile". Avant cela, Delamarre-Debouteville
s'était servi d'un simple chariot à fourrage. Si certains de ces pionniers
transformèrent du matériel existant, calèche, diligence, coach, duc et
landau, d'autres utiliseront le cycle pour y
adapter une motorisation. Ces derniers, cependant, rejoindront l'industrie
automobile à quatre roues par l'intermédiaire du Quadricycle.
En Europe, comme aux Etats-Unis, les maisons de carrosseries hippomobiles vont
doucement disparaître. Ceux qui feront l'effort de se reconvertir survivront
quelques temps, avant que les firmes automobiles ne conçoivent eux-mêmes les
carrosseries de leurs modèles.
Parmi ces derniers, en France, on
peut citer les noms de Faurax-et-Chaussende (qui fermera en 1964), le plus ancien sûrement.
D'autres tenteront de poursuivre en se spécialisant dans la carrosserie automobile d'exception
ou de prestige. La maison Heuliez par exemple, qui n'est pas aussi ancienne que
les carrossiers hippomobile d'antan puisque Adolphe, le père fondateur de la
maison en 1920, était charron avant d'être carrossier. C'est en réalisant des
charrettes anglaises qu'il entra dans le métier. Louis Heuliez, le fils,
franchira le pas de l'automobile en 1925 en construisant un break sur un châssis
Peugeot, le premier de la marque. En Italie, on a le cas de Giovanni Bertone,
qui fonda son entreprise de construction et de réparation hippomobile en 1912,
entreprise aujourd'hui mondialement reconnue. En Belgique, on pense à la Société
d'Ieternen, fondée en 1805 et qui passa à l'automobile dès ses débuts, vers
1894, tout en poursuivant la construction de voitures hippomobile.
Signalons que la carrosserie hippomobile générait beaucoup d'emplois.
On trouve ainsi des charrons, des ébénistes, des ciseleurs, des vernisseurs, des tapissiers-garnisseurs, des selliers,
des peintres, des ferronniers. tous sous la coupe d'un maître-carrossier. Si
certains de ces métiers ont disparu avec la modernisation de l'automobile,
d'autres existent encore.
Une reconversion
Au fil des années donc, l'automobile naissante s'est ébauchée et les attelages vont s'adapter tant bien que mal à
la motorisation. Sans la carrosserie hippomobile, que serait nos voitures
d'aujourd'hui ? A l'origine, les formes ne changent pas trop et conservent la
silhouette des attelages d'antan. Voici, en quelques mots, la définition des
principales carrosseries du monde hippomobile qui seront pour certaines,
transposées à celui de
l'automobile. Certains des termes cités sont encore, à l'heure actuelle,
utilisés pour désigner nos véhicules. Les autres ont disparus, pour certains
assez vite, pour d'autres, au fil du temps. Ce qui est vrai pour l'automobile
est également vrai pour les camions. La premier de ces véhicules est également
issu de la carrosserie hippomobile.
Je crois que le plus bel exemple de
ce passage de l'hippomobile à l'automobile est celui d'Amédée Bollée père et des
ses fils Léon et Amédée Junior lorsqu'ils commencèrent, dès 1873 pour le père,
la construction de machines roulantes à vapeur. Il suffit de regarder "La
rapide" de 1881 ou "La Mancelle" de 1878 pour se rendre compte du travail
accompli.
17e siècle
Berline
C'est sans doute le terme le
plus ancien pour désigner aujourd'hui une conduite intérieure à quatre portes. Ce terme doit
son origine à une voiture de voyage née dans la ville allemande de Berlin qu'on
attelait à 2 ou 4 chevaux.


18e siècle
Cabriolet
D'origine italienne, le cabriolet est un véhicule capoté à deux places. Son nom
vient tout simplement de son allure sautillante sur les routes, évoquant des cabrioles. Au début de l'automobile, ce terme était
très bien porté par ce type d'automobile, dont la tenue de route était parfois assez
chaotique. Elle était toujours conduite par son propriétaire. Aujourd'hui, le
terme "cabriolet" désigne la famille des automobiles décapotable et englobe même les voitures non pourvues de capote.

Calèche
D'origine allemande, le terme de "Calèche" désigne une voiture décapotable,
élégante et montée sur 8 ressorts.
Toutes les dispositions peuvent être envisagées pour la disposition des sièges,
soit face à la route, soit dos-à-dos ou encore en vis-à-vis. Voiture très prisée
des aristocrates, elle pouvait être attelée à 2 ou 4 chevaux. Le terme a
définitivement disparu dans le langage automobile. En 1886, Karl Benz avait déposé un brevet pour une calèche à moteur
Daimler (qui était appelée Victoria d'ailleurs). Quant à la configuration en vis-à-vis, elle sera très utilisée par les pionniers, comme De Dion pour son modèle de
1898.

A droite, la Mancelle d'Amédée Bollée père de 1878
Coupé
A l'origine, ce mot désigne un compartiment de diligence. Par extension, il
s'applique à une caisse fermée à deux places latérales, avec le chauffeur à
l'extérieur. Voiture de maître, sa configuration sera souvent utilisée pour les voitures
de louage, ou plus populairement fiacre, ancêtres des taxis. Si aujourd'hui le terme Coupé désigne une voiture
plutôt sportive et totalement fermée disposant de deux places, il faut se
rappeler qu'à une époque, il existait le coupé de ville, dans la configuration
première, comme la Delage D8-100.

19e siècle
Américaine
L'américaine est un véhicule
découvert à deux ou quatre places, monté sur des roues de grand diamètre. C'est
l'attelage typiquement américain que l'on découvre dans les films comme "Autant
en emporte le vent", utilisé par les notables.

Cab
Le Cab, est l'évolution de l'anglais "Hansom cab". Sur ce type, le cocher est perché à
l'arrière, dominant l'habitacle ou se trouve installé le ou les passagrs. Cet
habitacle est ouvert ou fermé à l'avant. Très populaire à Londres, au même titre que le
cabriolet ou le fiacre à Paris, cette voiture à deux roues était attelée à un seul
cheval.
Il y a eu au début du siècle des voitures motorisées qui adoptaient ce type de
configuration, conducteur à l'arrière, passagers à l'avant. On pense à certains
tricycles ou quadricycles par exemple. En Grande-Bretagne, on dit que c'était la
voiture préférée de Sherlock Holmes pour ses déplacements.
Charrette anglaise
La charrette anglaise était une voiture légère à deux places, très utilisée dans les
campagnes. Avec un moteur, la voiture reste un petit engin très pratique.

Coach
Le Coach est une voiture pouvant transporter 10 personnes et même plus, s'apparentant à la diligence,
mais en plus confortable. A l'origine, ces voitures servaient à ces dames pour
se rendre sur les champs de course et étaient fabriquées en région parisienne.
On en trouve également en Grande-Bretagne.
Plus grande, le Mail-Coach était la
version anglaise de la diligence. De grande capacité, elle emmenait 10 à 15
personnes et le courrier postal. Attelés à quatre chevaux, ils étaient réputés
pour leur rapidité. Le terme coach sera utilisé dans l'industrie automobile, par
Bugatti pour l'une de ses "Royale".

Dog Cart
C'est une voiture ouverte, surélevée à deux
roues, comportant un siège à claire-voie pour transporter les chiens de vénerie et de course.
Commune en Grande-Bretagne, elle fera son apparition en France qu'en 1858.

Duc
C'est une voiture ouverte à
deux places qui se distingue grâce à son siège arrière complémentaire pour le domestique.
Il y a eu des Victoria Duc, des Duc Tonneau etc. La famille compte aussi le
grand-duc et le petit-duc. Ces voitures se rapprochent des phaétons. Là aussi, on peut
encore trouver son équivalent dans les voitures du début de
l'ère automobile.

Appelé aussi "Governess-cart", ce véhicule en bois naturel comportant, à
l'avant, une banquette transversale et, à l'arrière, deux sièges longitudinaux
et une banquette transversale enfermés dans un logement clos et cintré, avec un
seul accès par l'arrière. Attelée à un cheval, l'emplacement du du meneur,
assis de biais, était jugée inconfortable. Les premières voitures adopteront cette configuration
car les transmissions à chaîne empêchaient le montage de portes arrière sur les côtés de
l'automobile. Sur l'automobile, l'accès est toujours par l'arrière, les sièges
en travers, mais le conducteur est désormais face à la route.

Landau
C'est une berline décapotable à deux capotes
et quatre places dont le nom est emprunté à la
ville allemande de Landau.

Landaulet
Identique au coupé, cette voiture s'en distingue par sa partie arrière
décapotable. Voiture à quatre roues pourvue de deux banquettes, les passagers se trouvent face à face. Dans certains cas, le
conducteur peut disposer d'une capote et dans certaines configuration, une vitre peut être installée pour séparer les deux parties
du véhicule.Ci dessous, la version hippomobile et une version motorisée de Gobron-Brillié.

Deux versions hippomobile et la version motorisée Gobron-Brillié
Milord
Un véhicule décapotable particulièrement élégant,
à quatre places et dépourvue de portes. Voiture de service, elle se doit d'avoir une ligne harmonieuse.
Le terme ne sera pas utilisé pour l'automobile.

Spider
Issu de l'anglais "araignée", il a été baptisé ainsi à cause de ses grandes
roues. A l'origine, ce véhicule, découvert et à deux places, est une évolution de l'américaine. Le spider est équipé d'un siège
arrière, ne bénéficiant pas de la protection de la capote. Aujourd'hui, on retrouve cette configuration sur le roadster. Derrière
l'habitacle, on trouve un coffre muni de sièges offrant ainsi une ou deux places supplémentaires et temporaires.

Ci-dessous, la version motorisée d'Audibert Lavirotte

Tilbury
C'est un cabriolet léger qui porte le nom d'un carrossier anglais.
Ce dernier inventa ce véhicule en 1820. C'est une voiture dotée, contrairement
au cabriolet, d'une excellente suspension grâce à 7 ressorts. Attelée à un
cheval, elle peut transporter deux passagers. Le terme sera parfois utilisé dans
l'automobile pour des cabriolets.

Victoria
Elle hérita du nom de la Reine d'Angleterre.
Semblable au Milord, mais avec le siège du cocher monté sur une ferrure, elle
dispose de portières. Sa fonction est la promenade. Rappelons que c'est sur une
Victoria que Benz monta son premier moteur en 1893, donnant ainsi naissance à sa
première automobile.

La version de droite est un modèle Gobron-Brillié.
Wagonnette
Voiture recouverte ou non
d'un dais. Voiture suspendue ou non, elle transportait au petit trot, aussi bien
des personnes que des malles ou des bagages. Elle n'est pas d'un modèle véritablement défini.

Et la version version motorisé Gobron-Brillé

Phaéton
Successeur du tonneau, ce véhicule décapotable comporte désormais deux
banquettes face à la route et les places arrière sont accessibles par des portes
latérales. Ce terme désigne d'abord le cochet, puis un attelage à quatre roues
réputé dangereux. Dans le jargon automobile, on trouve le phaéton et le double-phaéton (version 4 places).

Et les versions motorisées de Gobron-Brillié et d'Audibert et Lavirotte

Break
De l'anglais "rompre et dresser" en terme de manège, ce véhicule était utilisé pour
dresser les chevaux à l'attelage. Aujourd'hui, le terme est utilisé pour une tout autre utilisation.

20e siècle
Au tournant du siècle, certaines
carrosseries hippomobiles vont disparaître doucement des catalogues des
carrossiers automobiles. Les noms comme tilbury seront parfois utilisés pour
baptiser un modèle cabriolet, mais ceux de calèche, charrette, américaine ou
dog-cart ne seront plus utilisé. Par contre, certains termes vont survivre. On
trouvera les noms de tonneau, landaulet dans les gammes de certains
constructeurs du début du siècle. Les noms de berline, break, coupé, cabriolet,
et spider sont eux, encore utilisés de nos jours. On verra apparaître d'autres
désignations comme torpédo. Dernièrement, Volkswagen a repris le nom de phaéton
pour une de ces voitures de luxe.
Limousine
Le carrosse était une voiture
de luxe que les riches utilisaient sur commande (lorsqu'ils n'en possédaient
pas). Remisés place St Ferdinand, à Paris, c'était donc la voiture de luxe de
l'époque, le nec plus ultra pour ceux qui n'utilisent pas le fiacre, trop
populaire. La limousine, dont le nom vient d'un manteau chaud et enveloppant, est
toujours une voiture de luxe, mais plus d'apparat que voiture
personnelle. Les marques proposent désormais des hauts de gamme aussi
prestigieux, mais moins voyants. Au début du siècle, la limousine motorisé était un véhicule de
grande taille, à carrosserie fermée à deux portes et quatre glaces latérales.
Seul le chauffeur se trouvait à l'extérieur, bénéficiant d'une simple avancée pour
se protéger des intempéries (lorsqu'elle existait). L'intérieur était doté des matériaux les plus
luxueux et des plus chers.

Deux exemples de limousines du début du siècle. La première est une Audibert &
Lavirotte, la seconde une Gobron-Brillié.
Autres termes hippomobile ou automobile.
Buggy
On dit aussi Gig (uniquement pour un deux roues), c'est un petit attelage qui existait
en version promenade, présentation ou pour la ville.

Char à bancs
Le char à banc était une voiture hippomobile de campagne, ouverte et en bois. Les banquettes
font face à la route et ressemble beaucoup au break.
Coupé - Coupé de gala
Le Coupé était une voiture de maître à 2 places attelé à un ou 2 chevaux,
toujours menée par un cocher. Le Coupé de Gala est lui un véhicule d'apparat,
attelé à 2 ou 4 chevaux.
Conduite intérieure
A deux ou quatre portes, c'est une carrosserie complètement fermée dans laquelle le
chauffeur est abrité comme les passagers sous le même toit. Notre berline
actuelle. Ce nom était utilisé dans les deux langages.
Torpédo
Evolution du phaéton, cette carrosserie dispose de portes à l'avant et à l'arrière. Plus élancée que sa
devancière, la ligne de caisse devient continue, intégrant le moteur dans son volume global.
Décapotable et dépourvue de vitres latérales, le torpédo n'a pas son équivalence en
terme hippomobile. Le mot "torpédo" vient de l'espagnol "torpille" qui résume à
lui seul la forme du véhicule.
Mes remerciements spéciaux...
Un grand merci à
ceux qui m'ont permis de faire cette page en m'autorisant à utiliser les photos qui
illustrent ce chapitre. Pour les autres, je n'ai pas réussi à les contacter, les messages envoyés restant sans
réponses, ou avec un message d'erreur. Si vous reconnaissez vos clichés, contactez moi. Merci
Michel Audibert : Pour les photos des voitures Audibert et Lavirotte. Pour en savoir plus sur les automobiles de cette marque, visitez son site :
Cliquez ici.
Domaine Equestre de Stambach : Sylvie et Pierre Jacob, qui m'ont gentiment autoriser à utiliser les
photos des voitures hippomobiles que vous trouverez sur cette page. Ecole
d'attelage, dresseurs de chevaux, vendeurs de voitures et d'accessoires
d'attelage, le Domaine de Stambach est aussi un gîte, une étape pour les randonneurs,
dans un cadre magnifique qu'est l'Alsace. Pour en savoir plus :
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Gobron. Pour en savoir plus, visitez son site :
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Jean-Jacques Burlureaux : Attelages de Yebles. Spécialiste de la vente de voitures
hippomobiles (neuves et d'occasions), il est surtout très impliqué dans la construction de répliques de véhicules anciens
(hippomobiles). Très impliqué également dans la compétition, il m'a gentiment
permis d'emprunter quelques clichés de ces attelages pour illustrer cette page. Merci encore.
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